5 choses que seul un locuteur natif peut déceler dans un test de langue

Baptiste Derongs • 19 décembre 2017
Locuteur natif et test de langue

Dès que l’on travaille dans le domaine des langues, il y a des questions qui reviennent souvent. Parmi celles qu’on me pose le plus souvent : quelle est la différence entre un locuteur natif et une personne totalement bilingue ?

Déjà, permettez-moi de poser un fait important : personne ne semble d’accord sur la question, même les scientifiques.

Mon conseil, évitez donc de lancer le sujet dans un repas de famille, encore moins avec des universitaires spécialistes des langues.

Je me fie donc à l’expérience. Et toutes les observations que j’ai pu faire dans ma vie sur le sujet vont exactement à la même conclusion.

La voici.

Il subsiste une différence irréductible qu’aucun cours de langue, aucun séjour d’immersion, ni aucune petite amie étrangère ne pourront jamais effacer.

Le natif est doté d’un bonus, un superpouvoir très discret : celui de percevoir des subtilités à côté desquelles un non natif peut facilement passer, même s’il est bilingue.

En voici 5, qui reviennent souvent.

1. Le mot qui pourrait coincer

Il faut une connaissance redoutable d’une langue pour être capable de distinguer les doubles-sens que pourrait avoir un mot donné dans un contexte précis. Ou à l’inverse pour établir qu’aucun double-sens n’est possible.

Je parle ici des associations de mots qui créent des connotations non maîtrisées et bien souvent non souhaitables : sexuelles, racistes, blessantes, saugrenues, etc..

Prenons le fameux “Ich bin ein Berliner” de Kennedy. Il y a d’abord eu un grand débat dans les médias anglophones (non natifs donc), certains suggérant que Kennedy avait dit “Je suis un beignet’ plutôt que “Je suis un Berlinois”.

En fait la forme qu’il a utilisée est correcte, tout autant que celle qu’on lui a reproché de ne pas employer “Ich bin Berliner”.

Elle est même plus adaptée, car il y a une subtilité que les natifs connaissent, à la différence des médias anglais (même bien versés dans les langues étrangères, comme le New York Times) : « Ich bin Berliner » est une phrase plus fréquente, mais fonctionne moins bien au sens figuré, elle aurait donné l’impression que Kennedy se présentait comme étant véritablement originaire de Berlin.

Seul un natif peut donc déclarer rapidement qu’il a eu raison d’employer la phrase qu’il a choisie :)

2. Le parler “non musical”

Les locuteurs natifs sont les mieux placés pour connaître la fameuse « musique d’une langue » : ses respirations, les interjections de type “hum” placées au bon moment… Bref, autant de petites choses qui donnent à la langue sa texture réelle.

C’est l’un des éléments les plus difficiles à acquérir quand on apprend une langue, et des “erreurs” à ce niveau sont particulièrement dures à détecter.

3. Les éléments trop hétérogènes

C’est aussi l’homogénéité de la langue qui va faire sa musicalité.

Si même deux natifs n’auront jamais exactement le même parler (il y a forcément une dimension idiosyncrasique), si chacun parle une langue qu’il s’est appropriée, avec ses individualités qui rassemblent des éléments venant de lieux divers, reste que des incohérences trop grandes peuvent être perçues par un natif chez un non natif.

Un mélange d’expressions londoniennes avec des choses entendues dans les séries US, par exemple, peut venir créer une “friction”, quasi indistinguable pour les autres.

4. Des trous dans la raquette culturelle

Ça n’a l’air de rien, le contexte culturel. On se dit souvent bien hâtivement que seule la qualité de la langue compte.

Or pour échanger et se faire comprendre, il n’y a pas que la base grammaticale et sémantique d’un message. Il y a tout un contexte culturel corrélé à ce que l’on dit et qui peut en modifier le sens ou l’interprétation.

5. Les régionalismes ou cet accent improbable

Quand on apprend une langue, on le fait toujours dans un contexte précis. Au passage, on va embarquer avec soi des bribes de ce contexte : des usages locaux, un accent régional spécifique, une prononciation.

A grande échelle, cela va donner par exemple les différences entre un anglais américain et un anglais britannique ou encore australien ou indien. A petite échelle, entre Oxford et Birmingham, entre un British English classe moyenne et un British English d’aristocrate.

Naturellement, on véhicule des informations différentes selon la langue qu’on parle : telle ou telle origine, telle ou telle classe sociale, telle ou telle éducation, culture, etc.

Or un natif est souvent bien mieux équipé pour percevoir ces informations dans une communication orale du simple fait qu’il distingue mieux ce qui les constitue (l’accent, l’usage, la prononciation, etc.).

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